La violence des chiffres- publication de l’étude menée par le centre d’études genres de l’université de Bâle

juin 23, 2021 By 0 Comments

Suite à la publication aujourd’hui des résultats de l’étude effectuée par le centre d’études genres de l’université de Bâle à la demande de l’agence suisse de promotion de la culture Pro Helvetia, nous souhaitions réagir et encourager le mouvement des scènes de musiques à plus de diversité. Nous appelons également les collectivités publiques à mettre en place de réelles politiques contraignantes, afin de contrebalancer ce déséquilibre de soutiens à des projets artistiques.

Malgré quelques améliorations timides, le paysage des musiques en Suisse reste encore majoritairement masculin, d’autant plus au sein des postes à responsabilité, à la programmation des clubs et des festivals, à la tête des agences et des labels et parmi les médias qui couvrent la musique.

Extraits tirés du communiqué de presse de Pro Helvetia :

« Les femmes sont clairement sous-représentées dans de nombreux domaines du secteur culturel suisse. Ceci vaut aussi bien pour les fonctions de gestion et de direction artistique que pour la présence sur les scènes et dans les expositions. Ces faits sont étayés par une étude préliminaire du Zentrum Gender Studies de l’Université de Bâle publiée aujourd’hui et qui livre de nouveaux chiffres portant sur l’équilibre entre les sexes dans les arts de la scène, la musique, la littérature et les arts visuels. Si les différences entre les disciplines sont marquées, les disparités les plus flagrantes se situent dans les domaines de la musique et des arts visuels.

Les femmes sont sous-représentées dans les fonctions de direction. Ceci s’applique aussi bien pour les conseils d’administration stratégiques et opérationnels des institutions et organisations culturelles, que pour les associations professionnelles, d’entreprises et de production. Par exemple,  la proportion de femmes dans les conseils d’administration des institutions et organisations culturelles étudiées est de 42 %. En revanche, on ne trouve que 34,5% de femmes à la tête des directions et vice-directions. Il convient toutefois de souligner des écarts considérables entre les disciplines : tandis que 55% de femmes sont actives au niveau de la direction dans le domaine littéraire, on ne trouve pas une seule femme à ces postes dans les institutions musicales examinées.

En musique, les femmes ne disposent que de possibilités très limitées pour se produire : si la part des femmes se monte tout de même à 34% dans les concerts classiques, on ne compte que 9 à 12% de femmes dans les performances rock/pop et dans le jazz. »

 

Cette sous-représentation des femmes dans notre scène constitue une violence systémique dans une industrie et un marché de plus en plus compétitif. Rappelons que le spectre des violences faites aux femmes dans ces cas vont de l’objectivation des corps des femmes, à cette sous-représentation de celles-ci aux postes décisionnels, elles s’illustrent également à l’aide de blagues sexistes, des attouchements non désirés, ou encore à travers la nécessité de devoir toujours justifier de sa compétence notamment en ce qui concerne la technique, et elles vont jusqu’au harcèlement sexuel et aux agressions.

Pas besoin de grandes études, il faut aller de l’avant sur le plan politique

Le milieu musical suisse doit pouvoir se remettre en question collectivement et travailler de concert sur des solutions visant, d’une part, à lutter contre les abus liés aux harcèlement sexuel, et d’autre part, à s’en prémunir par de la formation et de la sensibilisation des structures employeuses.

Nous n’avons pas forcément besoin de plus d’études, le constat a été posé et il est discuté depuis suffisamment de temps pour que les paroles passent à présent aux actes.

Les collectivités publiques ont un rôle à jouer dans l’établissement de guideline en ce qui concerne les soutiens attribués aux projets artistiques et dans le soutien à des initiatives visant à promouvoir la diversité dans cette industrie. Un effort doit aussi être fourni par les écoles qu’elles soient professionnelles ou non, afin, d’une part, de ne pas reproduire sans cesse des rôles stéréotypés (les garçons à la batterie et les filles au chant) et encourager l’inscription de plus de femmes notamment dans les filières de formation aux métiers de la technique.