« Certifier les lieux qui luttent contre le sexisme », in Le Courrier, fev 2018

mars 29, 2018 By 0 Comments

We Can Dance It est un label que pourront obtenir les clubs après une sensibilisation aux enjeux de l’égalité.

Albane Schlechten a été permanente à l’Usine et co-programmatrice à la Gravière. Elle représente aujourd’hui les intérêts des clubs romands. Les comportements sexistes dans les recoins sombres de la vie nocturne (propos lourds et gestes déplacés, agressions) doivent être combattus, mais la prise de conscience a aussi du chemin à faire au sein des structures qui gèrent les clubs: «Tout le monde ne vient pas du même milieu, les parcours et niveaux de conscience varient, il est donc impératif de mener un travail de sensibilisation.»

Le label We Can Dance It que la coordinatrice de Petzi a lancé avec d’autres actrices et acteurs de la nuit se propose de certifier les établissements qui promeuvent l’égalité entre les sexes, «préservent la sécurité mentale et physique de leurs employé.e.s et bénévoles» tout comme de leur public, et réfléchissent aux parcours nocturnes entre clubs et transports publics, en lien avec les collectivités publiques.

Les critères d’adhésion du label ont été présentés et validés lors d’une table ronde en novembre 2016, dans le cadre de la Journée contre les violences faites aux femmes. Une première volée de six clubs a suivi la formation entre novembre 2017 et janvier 2018.

«Il faut empêcher ce qui est néfaste, sans tomber dans le tout-sécuritaire.» Albane Schlechten

«Nous évoluons dans une société encore majoritairement sexiste, souligne le document de présentation. Le monde de la nuit est souvent vécu et perçu comme une version exacerbée des attitudes et des propos que l’on peut observer en journée.» Mais afficher des messages anti-harcèlement ne suffit pas, selon Albane Schlechten. «Si on le fait, il faut être prêt à réagir de manière appropriée en cas de problème, à recueillir des témoignages.»

We Can Dance It veut aider les salles et leurs équipes à prendre conscience des problèmes, à définir des stratégies et se donner les moyens de les appliquer. Le label travaille avec le Deuxième Observatoire, institut romand de recherche et de formation sur les rapports de genre, et avec le Festival les Créatives, l’Agenda 21 et l’atelier Super Cocottes qui réalise les visuels.

Albane Schlechten estime que ce serait faire fausse route que de nier à la nuit sa nature particulière, la fluidité des rapports et la liberté qui s’y épanouissent. «Il faut empêcher ce qui est néfaste, sans tomber dans le tout-sécuritaire.» Et la lutte contre le harcèlement n’est qu’un aspect. Féminiser les équipes – notamment les organes de prise de décision –, la communication visuelle (en évitant l’objectivation et la dégradation du corps féminin) et la programmation sont tout aussi importants.

«Il faut chausser les lunettes du genre à tous les niveaux, sans quotas mais avec une sensibilité à ces questions.» Un prisme féministe qui vaut aussi pour les personnes LGBTIQ et toutes celles qui sont susceptibles de discrimination en raison d’un trait physique ou du comportement.