La part d’artistes femmes toujours trop basse dans les festivals, quotas…ou pas quotas?
Deux articles sur la question de l’inégalité présente dans les line up des festivals: in le Temps, le 14 mai 2018, Salomé Kiner « Mises à l’écart, les artistes femmes se révoltent contre les festivals » et dans la revue Pitchfork, 1st of may 2018, Rob Mitchum et Diego Garcia-Olano « Tracking the Gender Blance of This Year’s Music Festival Lineups » , l’image en titre est tiré de cet article.
Notre éclairage – Quotas ou pas quotas ?
Alors que le constat sur les inégalités de genre et de sexe semble de plus en plus partagé dans le monde de la musique, les outils et les prises de position sur les mesures à adopter divergent quant à eux.
L’encouragement à plus de mixité par la promotion des femmes artistes, sur scène, aux platines, ou derrière une régie technique est-elle une mesure suffisante ?
Et l’instauration d’un quota s’agissant d’un travail artistique, n’est-elle pas une mesure trop quantitative voire technocrate ?
Toutefois, force est de constater que loin de s’améliorer, la place et le rôle des femmes dans le milieu de la musique a tendance au mieux à stagner depuis 10 ans, au pire à régresser ; pressions économiques, résistances, utopie du changement spontané, comme par magie ?
Que faire ?
Avant de parler de quotas, peut-être faudrait-il encourager les femmes artistes à produire, à sortir des tracks, à jouer en club.
Et bien sûr, en parallèle, chercher les raisons de cette disparité dans les productions entre artistes hommes et femmes, renverser cette tendance qu’ont les artistes féminines à ne pas assez se mettre en avant, fruit de décennies d’héritage et de reproductions.
Dans un secteur très concurrentiel et fortement inégalitaire (les 14% de line up féminin sur les scènes des grands festivals internationaux) nous avons intégré que notre projet allait être jugé de manière plus sévère, et que dès lors, nous ne présentons pas notre projet avant d’avoir atteint un certain degré de perfectionnisme, là où un artiste masculin osera peut-être plus se lancer avant d’avoir atteint un degré de satisfaction similaire.
Nous donner confiance, construire des réseaux d’artistes, de productrices, d’agentes, asseoir ainsi notre présence et revendiquer notre place. Par ailleurs, il s’agira aussi d’élargir le champ des possibles, afin de ne pas nous retrouver systématiquement à devoir choisir entre une carrière et une vie privée, de famille.
Et nous n’aurons plus à devoir faire ce choix le jour où, en face, des agentes, des manageuses, des programmatrices comprendront ces choix et ne seront pas outrées de se retrouver face à des pauses dans le parcours professionnel ou le refus d’une date en raison d’un congé maternité. Ce sera accepté voire même jugé normal par la profession, mais pour cela c’est toute la profession qui doit changer de visage.
Idem pour les clichés, quelle joie le jour où nous n’entendrons plus « elle tape pour une femme » ou bien « c’est une chieuse » parce qu’elle t’a demandé du thé vert en backstage alors que d’autres artistes te demandent de la nourriture coréenne ou d’autres réjouissances moins culinaires, ce qui étonnamment te choque beaucoup moins.
Ce besoin de parité est dès lors aussi présent à tous les niveaux et toutes les tâches et métiers gravitant autour de l’artistique : à la direction des clubs et des festivals (qu’elle soit individuelle ou collective), dans les métiers techniques, dans les agences et les labels.
Il s’agit d’analyser l’entièreté du système et de le redessiner sous des traits plus justes, diversifiés et réalistes au regard du public.
Si les femmes ne sont pas suffisamment représentées sur les scènes, elles consomment du moins de la musique. Alors pourquoi, dans une logique purement commerciale, ne pas s’adapter à son public ?
Il a été démontré à travers des enquêtes menées au sein de grandes entreprises que des conseils d’administration ayant misé sur plus de mixité, enrichissent leur palette d’actions, répondent de manière optimale à des enjeux et des perceptions, grâce à ce mélange de sensibilités différentes à leur tête.
Alors les clubs, les festivals, à quand des structures plus égalitaires ?
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